La frontière peut se définir comme ligne imaginaire séparant des territoires, où vivent des humains réputés présenter un trait commun d’identité qui passe par la langue. L’outil de l’art-thérapeute n’est pas en premier lieu la parole. Il vise un mouvement d’expression, d’une réalité intérieure hors de soi, dans un « espace transitionnel », « une aire intermédiaire d’expérience » qui existe en tant que « lieu de repos pour l’individu engagé (…) à maintenir à la fois séparées et reliées l’une à l’autre réalité intérieure et réalité extérieure ». Si nous considérons ce « lieu de repos » comme territoire, que viennent séparer les lignes imaginaires qui le délimite ? Comment les franchir tout en préservant la tranquillité du lieu et respecter la réalité intérieure ? Ce lieu de séparation et de lien est une zone de contiguïté aux frontières mouvantes et parfois ténues. Pour nous approcher du sujet de manière éthique, nous verrons dans l’accompagnement de Mme Aime, qui vit avec un handicap psychomoteur, comment le corps peut faire territoire. Si nous comprenons par l’expérience que la réalité d’une existence psychique se tisse de rencontres, que penser de la matière biologique humaine, le corps ? L’existence non séparée d’un psychisme au corps, se forme de son mouvement au monde. Pour Henri Maldiney « jouer (…) ne consiste pas à inventer des mouvements, mais à se livrer à ses propres mouvements dont la spontanéité est imprévisible ».
Quel jeu permettrait d’autres mouvements, propres à un corps limité dans sa mobilité par un handicap ? Récemment, j’ai proposé à Mme Aime de la pâte à modeler. Elle comprend que ce n’est pas la pâte qu’on peut cuire « et après ça ne bouge plus ».
Elle manipule avec les deux mains au contraire de son habitude. Le plaisir du jeu ouvre l’espace tranquille de la séance d’art-thérapie.
Pour lire le texte complet s’inscrire ou se connecter
Auteur |
---|
Claire Dournier |
Référence |
---|
RA021-20 Frontières Journées de Automne 2023 |
Catégories |
---|
Cas clinique Art-thérapie Peinture |